Résumé hebdomadaire des marchés

Publié le avril 4, 2025
 statistics of stocks and market table

Volatilité induite par les droits de douane : principales conséquences pour les investisseurs

Principaux points à retenir :

  • Le 2 avril, le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé des droits de douane réciproques plus élevés que prévu. Un taux minimal de 10 % s’appliquera à toutes les importations entrant sur le territoire américain à compter du 5 avril, tandis que des taux plus élevés seront imposés aux pays avec lesquels les États-Unis ont un déficit commercial plus important. On estime que ces nouveaux droits de douane feront passer le taux effectif des droits de douane sur les importations américaines de 2,3 % en 2024 à un taux compris entre 20 % et 25 %, soit le niveau le plus élevé depuis au moins 100 ans.
  • Le Canada a été exempté des droits de douane réciproques, mais les droits de douane annoncés précédemment demeureront en vigueur.
  • La Chine a annoncé qu’elle allait riposter en imposant aux États-Unis des droits de douane à un taux correspondant à celui des droits réciproques, soit 34 %.
  • L’annonce des droits de douane et les représailles de la Chine ont entraîné une aversion pour le risque sur les marchés; les actions ont clôturé la semaine en forte baisse et le taux de rendement des obligations d’État canadiennes et américaines a reculé.
  • Les droits de douane constituent un obstacle à la croissance économique du Canada et des États-Unis et exercent des pressions à la hausse sur les prix à court terme. Toutefois, les économies de ces deux pays ont commencé l’année 2025 sur une très bonne lancée. De plus, la Réserve fédérale va probablement intervenir pour soutenir la croissance économique si les conditions du marché de l’emploi américain montrent des signes importants de détérioration. Au Canada, la Banque du Canada pourrait maintenir sa politique d’assouplissement et le gouvernement pourrait soutenir les ménages et les entreprises avec des mesures budgétaires si la conjoncture économique se dégrade.
  • Bien que la volatilité ne soit jamais plaisante, nous recommandons aux investisseurs de s’en tenir à leur stratégie de placement à long terme et de privilégier la qualité et la diversification. Évitez de prendre des décisions de placement de manière impulsive et précipitée, et n’oubliez pas que le fait de conserver ses placements s’est avéré une meilleure stratégie à long terme que d’essayer d’anticiper le meilleur moment pour acheter et vendre.

Qu’est-ce qui a été annoncé?

Le 2 avril, le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé les très attendus droits de douane réciproques en vertu de l’International Emergency Economic Powers Act. Les États-Unis vont imposer des droits de douane de 10 % à tous les pays à compter du 5 avril, ainsi que des droits de douane plus élevés aux pays avec lesquels ils ont un déficit commercial plus important, et ce, à compter du 9 avril. La Chine sera assujettie à des droits de douane de 34 %, ce qui s’ajoutera au taux de 20 % imposé plus tôt cette année. D’autres importants partenaires commerciaux des États-Unis, comme l’Union européenne, le Vietnam et le Japon, seront assujettis à des droits de douane d’au moins 20 %.

Le Canada a été exempté des droits de douane réciproques. Toutefois, le Canada sera assujetti à des droits de douane de 25 % sur tous les produits non conformes à l’ACEUM, ainsi qu’à des droits de douane de 25 % sur l’acier, l’aluminium et les automobiles. Le premier ministre, Mark Carney, a annoncé que le Canada allait répliquer en imposant des droits de douane de 25 % sur les véhicules importés au Canada en provenance des États-Unis.

La Chine, quant à elle, a annoncé son intention de riposter aux droits de douane réciproques annoncés par les États-Unis en imposant des droits de 34 % sur les produits américains, un taux équivalent à celui annoncé par les États-Unis le 2 avril.

Les marchés ont réagi par une aversion au risque, annulant ainsi les gains du début de semaine et entraînant une clôture en baisse, tandis que les taux obligataires ont reculé. Afin de prévoir l’évolution des marchés, nous examinons les répercussions potentielles des droits de douane sur l’économie et l’inflation et discutons des mesures à prendre pour les investisseurs dans le contexte actuel.

 Le graphique illustre la répartition
Source: Whitehouse.gov

La croissance économique devrait ralentir, après avoir surpassé la tendance

Même si le Canada a été exempté des droits de douane réciproques des États-Unis, les taxes annoncées précédemment restent un obstacle à la croissance économique. Les échanges commerciaux représentent environ 67 % du PIB du Canada, et environ 76 % des exportations canadiennes de biens sont destinées aux États-Unis.5 Si l’économie américaine venait à ralentir en raison des droits de douane qui viennent d’être annoncés, la croissance canadienne ralentirait probablement aussi.

De plus, l’énergie et les automobiles sont les deux produits les plus exportés du Canada vers les États-Unis, tandis que les produits de base, dont l’acier et l’aluminium, figurent parmi les 10 principaux produits exportés. Ces secteurs seront tous assujettis aux droits de douane américains, ce qui pèsera probablement sur leur activité. L’enquête sur la population active de la semaine dernière montre que l’emploi au Canada s’est légèrement contracté en mars, tandis que le taux de chômage a augmenté pour atteindre 6,7 %, ce qui pourrait indiquer que les entreprises ont déjà ajusté leurs plans de recrutement en tenant compte de l’incertitude entourant les politiques.3

Toutefois, l’économie canadienne a amorcé l’année 2025 sur une très bonne lancée. Le PIB réel a bien progressé, inscrivant une hausse de 2,6 % au quatrième trimestre, grâce au niveau élevé de dépenses des ménages.3 De plus, le gouvernement canadien est en mesure de soutenir les entreprises touchées par les droits de douane avec des initiatives budgétaires, ce qui pourrait soutenir l’économie au fil du temps.

 Le graphique illustre l’indice de l’incertitude
Source: Trading Economics. Les chiffres concernent les échanges commerciaux en 2023.

Compte tenu de l’ampleur des droits de douane annoncés, la croissance économique des États-Unis va probablement en pâtir. Il est possible que les droits de douane exercent des pressions sur les marges bénéficiaires des sociétés en raison de la hausse du coût des intrants, et qu’ils pèsent sur les dépenses des ménages en raison de la baisse des revenus corrigés de l’inflation. Les données sur les dépenses de consommation montrent déjà des signes de ralentissement sur les premiers mois de 2025, car l’incertitude concernant les politiques mine la confiance. De plus, les mesures de représailles, comme celles prises par la Chine et le Canada, peuvent peser sur l’activité des entreprises américaines dont le chiffre d’affaires dépend des exportations.

De 2000 à 2024, le taux moyen des droits de douane américains pour toutes les importations s’élevait à 1,7 %, ce qui est faible.1 Avec les droits de douane annoncés, ce taux moyen devrait fortement augmenter pour se situer entre 20 % et 25 %.2 En 2024, l’économie américaine a importé environ 3 300 milliards de dollars de biens.3 En supposant que le taux moyen se situe à 20 %, les droits de douane généreraient environ 660 milliards de dollars de revenus, soit environ 2,3 % du PIB de 2024.3

 Le graphique montre la variation sur 12 mois
Source: U.S. International Trade Commission, Bloomberg et Edward Jones.

La destination des revenus supplémentaires issus des droits de douane sera cruciale pour déterminer leur incidence économique sur les États-Unis. Si une grande partie de ces revenus est affectée à des actions qui favorisent la croissance, comme le financement de baisses d’impôt, la croissance économique pourrait mieux résister. Toutefois, si la majeure partie des revenus supplémentaires provenant des droits de douane est utilisée pour réduire le déficit budgétaire des États-Unis, la croissance de l’économie américaine pourrait ralentir de façon plus marquée.

Même si les droits de douane constitueront un obstacle à la croissance économique, l’économie américaine amorce cette période avec vigueur.

  • Le PIB réel des États-Unis a progressé à un rythme supérieur à la tendance au cours des deux dernières années, et le bénéfice par action des sociétés du S&P 500 a augmenté de 18 % au quatrième trimestre, soit le taux de croissance le plus élevé depuis le quatrième trimestre de 2021.3
  • Les bilans des ménages demeurent bons, le ratio moyen du service de la dette des ménages (c’est-à-dire le pourcentage du revenu disponible des ménages consacré au remboursement de leurs dettes) étant inférieur aux niveaux d’avant la pandémie.3
  • Les conditions sur le marché de l’emploi sont toujours favorables, même si un certain ralentissement est prévu. Environ 221 000 nouvelles demandes de prestations d’assurance-chômage ont été enregistrées en moyenne depuis le début de l’année 2025, ce qui est nettement inférieur à la moyenne sur 30 ans (plus de 360 000).3 Le nombre d’emplois non agricoles a augmenté de 228 000 en mars, ce qui est nettement supérieur aux prévisions consensuelles (130 000), tandis que le taux de chômage a légèrement augmenté pour atteindre 4,2 %.3

Bien que le risque de récession ait nettement augmenté, à notre avis, il n’est pas certain qu’un ralentissement économique aura lieu. Les économies canadienne et américaine pourraient bénéficier de leur vigueur initiale. De plus, comme la politique monétaire des États-Unis est restrictive, la Fed a suffisamment de marge de manœuvre pour abaisser les taux si l’économie montre des signes importants de ralentissement. Même si la BdC a abaissé le taux directeur de façon plus énergique, d’autres baisses de taux pourraient être envisagées si les conditions économiques se détériorent, et des mesures de relance budgétaire pourraient également contribuer à soutenir l’économie.

L’inflation pourrait augmenter, mais la Fed se concentrera probablement sur le risque de baisse de la croissance

Les droits de douane proposés pourraient tirer l’inflation vers le haut aux États-Unis et au Canada à court terme, car il est probable que les importateurs répercutent une partie du coût de la hausse des droits de douane sur les consommateurs. Toutefois, nous sommes d’avis que le risque de baisse de la croissance économique est plus grand que le risque de hausse de l’inflation dans les deux économies.

Lorsque des droits de douane ont été imposés par les États-Unis en 2018 et en 2019, les prix des biens aux États-Unis, qui étaient bas, ont légèrement augmenté, avant de diminuer peu après.3 Compte tenu de l’ampleur des droits de douane annoncés la semaine dernière, leur impact sur l’inflation sera probablement plus important cette fois-ci.

Il existe toutefois des facteurs potentiellement atténuants.

  • Les fabricants étrangers, les importateurs ou les distributeurs pourraient décider d’absorber une partie des coûts plutôt que de les répercuter sur les consommateurs en augmentant les prix. Néanmoins, pour certains produits pour lesquels les marges bénéficiaires sont minimes, comme les aliments périssables, il est plus probable que les coûts supplémentaires soient entièrement répercutés sur les consommateurs.
  • Les importateurs trouveront parfois des substituts aux produits et, au fil du temps, les chaînes d’approvisionnement seront peut-être modifiées ou rapatriées, même si cette dernière possibilité nécessitera des investissements et plus de temps.

Nous pensons donc que les droits de douane entraîneront une hausse ponctuelle des prix, mais ne seront pas une source persistante d’inflation. Le taux d’inflation neutre sur 10 ans aux États-Unis, qui est une mesure de l’inflation prévue au cours des 10 prochaines années selon le marché, est passé de 2,4 % à moins de 2,2 % depuis la fin du mois de mars, ce qui est près de la borne inférieure de sa fourchette sur trois ans.3 D’après nous, cette baisse indique que les attentes d’inflation à long terme demeurent contenues et que le risque de ralentissement de l’économie devrait être plus grand que le risque de hausse de l’inflation. Ces conditions devraient permettre aux banques centrales d’abaisser les taux directeurs si la croissance économique montre des signes de ralentissement.

Conséquences pour les investisseurs

Si l’annonce du 2 avril donne des précisions sur le cadre commercial de l’administration américaine, la réaction des pays concernés demeure incertaine. Certains pourraient adopter une approche semblable à celle de la Chine et du Canada, en imposant des droits de douane en représailles sur les exportations en provenance des États-Unis, tandis que d’autres pourraient chercher à négocier une baisse des droits de douane au fil du temps. Nous nous attendons à ce que ces réactions se manifestent au cours des prochaines semaines et des prochains mois, ce qui devrait maintenir la volatilité des marchés à un niveau élevé à court terme.

Comme l’incertitude devrait persister au cours des prochaines semaines, nous recommandons aux investisseurs de résister à l’envie de prendre des décisions sur le vif et de s’en tenir à leur stratégie de placement à long terme. Il est important de garder à l’esprit que l’indice S&P 500 connaît en moyenne trois à quatre reculs de 5 % par année civile et un repli de 10 % par année. De plus, des replis de 15 % se produisent en moyenne une fois tous les deux ans et des reculs de 20 % ou plus se produisent environ une fois tous les trois ans.4

À long terme, nous sommes d’avis que conserver ses placements est une meilleure stratégie que d’essayer d’anticiper le marché. En fait, manquer ne serait-ce que quelques-uns des meilleurs jours de l’indice S&P 500 ces 30 dernières années aurait entraîné des rendements nettement inférieurs. De plus, bon nombre des meilleurs jours du marché ont eu lieu en période de volatilité, ce qui souligne l’importance de conserver une vision à long terme en période de turbulences sur les marchés.

 Ce graphique montre le rendement relatif
Source: Morningstar Direct et Edward Jones. Rendement total du S&P 500 de 1955 à 2024.

Occasions de placement

Après deux ans marqués par des rendements exceptionnels des actions américaines à grande capitalisation, la diversification a porté ses fruits en 2025. Malgré la volatilité des marchés boursiers américains, les obligations de catégorie investissement et les actions étrangères ont inscrit des rendements supérieurs, ce qui a contribué à compenser l’incidence du rendement inférieur des actions américaines pour les investisseurs ayant des portefeuilles bien diversifiés. Nous sommes d’avis que la diversification restera un thème clé pour le reste de 2025. L’intégration de placements dans diverses catégories d’actif peut contribuer à lisser les périodes de volatilité et à faire en sorte que les investisseurs profitent de périodes de rotation des meneurs.

 Ce graphique montre la croissance d’un placement de
Source: FactSet et Edward Jones. Rendement total en $ CA jusqu’au 3 avril 2025.

Nous recommandons aux investisseurs d’équilibrer les placements axés sur la croissance et les placements axés sur la valeur. Nous continuons de surpondérer les actions américaines de sociétés à petite et à moyenne capitalisation, car une plus grande partie de leurs revenus provient des États-Unis et elles sont potentiellement moins exposées aux droits de douane. De plus, nous recommandons aux investisseurs de conserver une pondération stratégique des obligations canadiennes de catégorie investissement et des obligations internationales, qui ont servi de valeur refuge en période de volatilité des marchés.

Bien que la volatilité ne soit jamais plaisante, elle fait partie intégrante des placements. D’après nous, les investisseurs ont plutôt intérêt, pendant cette période, à conserver une stratégie de placement cohérente avec leurs objectifs financiers qu’à réagir aux actualités immédiates.

Brock Weimer, CFA
Stratégie de placement

Sources : 1. U.S. International Trade Commission 2. Bloomberg 3. FactSet 4. FactSet et calculs d’Edward Jones. 5. Banque mondiale et FactSet

Sommaire des données à la fin de la semaine au Canada

Weekly market stats
IndiceClôtureSemaineCUM
TSX23 193-6.3 %-6.2 %
S&P 5005 074-9.1 %-13.7 %
MSCI EAEO2 412-1.6 %6.6 %
Oblig. canadiennes de cat. investissement 0.5 %2.0 %
Taux des oblig. du gouv. du Canada à 10 ans2.89 %-0.1 %-0.3 %
Pétrole ($/baril)62.63 $-9.7 %-12.7 %
Taux de change $ CA/$ US0.70 $0.4 %1.1 %

Source : FactSet, au 4 avril 2025. Les obligations sont représentées par l’indice Bloomberg Canada Aggregate Bond. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. * Rendement sur quatre jours se terminant jeudi.

La semaine à venir 

Les données économiques importantes publiées cette semaine comprennent l’inflation selon l’IPC 
aux États-Unis et le rapport sur la confiance des consommateurs aux États-Unis.

Brock Weimer

Brock Weimer est analyste adjoint au sein de l’équipe Stratégie de placement. Il est responsable de l’analyse des données économiques, de l’évaluation des tendances du marché ainsi que du soutien à la mise au point de ressources qui aident les investisseurs à atteindre leurs objectifs financiers à long terme.

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Renseignements importants

Sources : *FactSet et Edward Jones **Rapport national sur l’emploi d’ADP, en date du 30 août 2023

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