Résumé hebdomadaire des marchés

Les marchés rebondissent alors que les tensions commerciales et les tensions avec la Fed s’apaisent
Points clés:
- Les marchés boursiers et obligataires se sont redressés la semaine dernière, alors que l’administration américaine a encore assoupli sa position sur le commerce et que les inquiétudes à l’égard de l’indépendance de la Fed se sont dissipées. Comme les États-Unis semblent chercher un moyen de réduire les droits de douane, le pic d’incertitude commerciale et de volatilité des marchés pourrait être derrière nous.
- Cette période de pessimisme extrême étant passée, il faudra probablement des mesures plus concrètes et des accords avec les principaux pays, plutôt que de simples signes d’apaisement des tensions, pour que les marchés inscrivent de nouveaux gains. Au Canada, les résultats électoraux pourraient servir de catalyseur à une nouvelle série de négociations avec l’administration Trump.
- Les marchés pourraient rester dans une fourchette étroite pendant un certain temps, avec des épisodes périodiques de volatilité, avant de revenir aux cours du début de 2025. Nous prévoyons une année relativement stable pour le S&P 500 et le TSX, mais les portefeuilles diversifiés pourraient mieux s’en sortir, car les actions étrangères ont conservé, voire dans certains cas creusé leur avance, même si les actions américaines ont rebondi.
- En plus de l’évolution des échanges commerciaux et des élections, l’attention se porte actuellement sur les bénéfices des sociétés. Nous pensons qu’une croissance de plus ou moins 5 % est réalisable si le ralentissement de la croissance économique ne s’accentue pas.
Le pic d’incertitude devrait être derrière nous, car les États-Unis modèrent leur discours
Après les inquiétudes initiales de voir les taux des droits de douane américains historiquement élevés annoncés le 2 avril persister, une série d’événements positifs donnent à penser que l’administration américaine assouplit sa position sur le commerce. La suspension de 90 jours des nouveaux droits de douane a été une première étape importante, mais le bras de fer tarifaire engagé avec la Chine aurait tout de même pour effet d’augmenter le taux moyen appliqué sur les biens importés à plus de 20 %, contre environ 2,5 % l’an dernier1.
Cependant, les médias ont rapporté la semaine dernière que l’administration envisage de réduire ses droits de douane sur les importations chinoises dans le but de désamorcer les tensions. De plus, la Chine envisagerait d’exempter certains produits américains de droits de douane en raison de l’augmentation des coûts. Par ailleurs, le secrétaire américain au Trésor, M. Bessent, a déclaré que les discussions commerciales bilatérales entre les États-Unis et la Corée du Sud avaient été « très fructueuses » et pourraient aboutir à un accord sous peu, tout en mentionnant que les États-Unis faisaient des « progrès importants » vers un accord commercial avec l’Inde.
Comme en témoignent les dernières semaines, le discours et les manchettes sur le commerce peuvent changer en un instant. À notre avis, l’incertitude persistera tant qu’un véritable accord n’aura pas été conclu avec un grand pays. Néanmoins, comme l’administration américaine cherche un moyen de réduire les droits de douane, le pic d’incertitude commerciale et de volatilité des marchés qui a pesé sur les actions mondiales pourrait être derrière nous.

Le graphique montre que l’indice de l’incertitude entourant la politique commerciale s’est amélioré depuis le 9 avril, ce qui a fait baisser la volatilité des marchés.

Le graphique montre que l’indice de l’incertitude entourant la politique commerciale s’est amélioré depuis le 9 avril, ce qui a fait baisser la volatilité des marchés.
Les inquiétudes concernant l’indépendance de la Fed s’apaisent et les espoirs de baisse des taux augmentent
Après avoir exprimé sa frustration face à l’inaction de la Fed, le président des États-Unis, M. Trump, a déclaré la semaine dernière qu’il n’avait « aucune intention de congédier » le président de la Fed, M. Powell. Les menaces pesant sur l’indépendance de la Fed, fondement d’une politique monétaire crédible, ont contribué à la brève hausse des taux des obligations du Trésor américain, qui a également eu une incidence sur les taux canadiens. Comme ces craintes se dissipent, le taux des obligations à 10 ans est revenu près du milieu de notre fourchette de 4,0 % à 4,5 % aux États-Unis et dans la fourchette de 2,75 % à 3,25 % au Canada, qui devrait persister cette année.
Dans notre scénario de base, selon lequel les États-Unis imposent des droits de douane universels de 10 % sur tous les biens importés et des droits plus élevés sur la Chine et certains secteurs, comme les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques, nous prévoyons un ralentissement de la croissance du PIB des États-Unis à un niveau inférieur à la tendance de 1,5 % à 1,7 %. L’inflation de base aux États-Unis devrait culminer autour de 3,5 % à 4 % avant de baisser avec le ralentissement de la demande. Si l’économie ralentit, mais qu'elle ne tombe pas en récession et que le taux moyen des droits de douane se stabilise autour de 10 % à 15 % au lieu de 20 % et plus actuellement, il est peu probable que la Fed assouplisse beaucoup sa politique monétaire. Elle conserve son approche attentiste qu’elle pourrait réitérer lors de sa prochaine réunion le 7 mai. Mais d’ici juin ou juillet, les décideurs devraient avoir une vision plus claire de l’incidence des droits de douane. Les signes d’un ralentissement de la croissance et du marché de l’emploi devraient inciter la Fed à réduire ses taux à deux ou trois reprises cette année.
Au Canada, l’apaisement récent des tensions commerciales avec les États-Unis réduit les risques de baisse de la croissance et de hausse de l’inflation. La croissance économique devrait ralentir sans se contracter, et le récent ralentissement de l’IPC global et l’IPC de base donne à penser que la BdC dispose d’une plus grande marge de manœuvre pour réduire ses taux et qu’elle pourrait abaisser son taux directeur à 2,25 %, soit la limite inférieure de sa fourchette neutre.

Le graphique montre que le marché obligataire anticipe trois baisses de taux de la Fed et deux baisses de taux de la BdC pour le reste de 2025.

Le graphique montre que le marché obligataire anticipe trois baisses de taux de la Fed et deux baisses de taux de la BdC pour le reste de 2025.
À mi-chemin entre les creux et les sommets : et maintenant?
Le rebond des marchés depuis la suspension des droits de douane du 9 avril a déclenché une remontée de 10 % du S&P 500 et du TSX par rapport à leur creux, le premier se situant désormais quelque 10 % en dessous de son sommet du 19 février1. Le TSX a mieux résisté et n’a reculé que de 4 % par rapport à son sommet record, car le gain de 22 % inscrit depuis le début de l’année dans le secteur des matériaux a contribué au rendement. Au sud de la frontière, les cours se situent maintenant dans une zone clé, entre le creux d’avant le 2 avril et le sommet d’après le 2 avril. Cette période de pessimisme extrême étant passée, il faudra probablement des mesures plus concrètes et des accords avec d’autres pays, plutôt que de simples signes d’apaisement des tensions, pour que les marchés inscrivent de nouveaux gains.
Dans le passé, après des replis importants du marché comme celui que nous avons connu cette année, il a fallu un certain temps pour que la volatilité revienne à des niveaux moyens. Le plus souvent, la formation d’un creux est un processus au cours duquel les actions retombent à leurs creux précédents. Deux exceptions notables ont été récemment observées : la baisse de près de 20 % de l’indice S&P 500 en 2018 et le marché baissier provoqué par la pandémie en 2020. Dans les deux cas, les actions ont connu un rebond en V, aidées par un changement de cap de la Fed en 2018 et une puissante combinaison de mesures de soutien budgétaire et monétaire en 2020. Comme les banques centrales sont limitées dans leur intervention en raison des pressions inflationnistes persistantes et du fait que les gouvernements doivent composer avec les réalités budgétaires, nous ne prévoyons pas de rebond en V vers les sommets précédents.
Toutefois, nous ne voyons pas non plus d’arguments en faveur d’une baisse prolongée ou d’une aggravation du marché baissier aux États-Unis qui se propagerait au Canada. Contrairement à 2008, l’économie américaine ne présente, selon nous, aucun déséquilibre ou excès important susceptibles d’exacerber un ralentissement. Les paiements au titre du service de la dette en pourcentage du revenu disponible sont inférieurs aux niveaux observés au cours de la dernière décennie et aux moyennes à long terme, tandis que le chômage reste faible et que la croissance des salaires a dépassé l’inflation au cours des 23 derniers mois. Et contrairement à 2022, la Fed est au beau milieu d’un cycle de réduction des taux et n’envisage pas de les relever de nouveau.
La suite dépendra en grande partie de l’évolution des échanges commerciaux et de l’adoption d’un programme favorable à la croissance. Les marchés pourraient rester dans une fourchette étroite pendant un certain temps, avec des épisodes périodiques de volatilité, avant de revenir aux cours du début de 2025. Nous prévoyons une année relativement stable pour le S&P 500 et le TSX, mais les portefeuilles diversifiés pourraient mieux s’en sortir, car les actions étrangères ont conservé, voire dans certains cas creusé leur avance.

Le graphique montre les rendements de différents indices depuis le début de l’année. Les actions américaines ont réduit leurs pertes, mais les actions étrangères et le TSX continuent de mener le bal. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. Un indice n’est pas géré et il est impossible d’y investir directement. Il ne vise pas à rendre compte du rendement d’un placement réel.

Le graphique montre les rendements de différents indices depuis le début de l’année. Les actions américaines ont réduit leurs pertes, mais les actions étrangères et le TSX continuent de mener le bal. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. Un indice n’est pas géré et il est impossible d’y investir directement. Il ne vise pas à rendre compte du rendement d’un placement réel.
Les élections canadiennes et les bénéfices des sociétés partagent la vedette
Après une campagne électorale dominée par les droits de douane et les menaces d’annexion du Canada, les Canadiens éliront un nouveau gouvernement lundi. Les relations entre les États-Unis et le Canada, l’abordabilité, le logement et la croissance économique demeurent au cœur des préoccupations des électeurs. D’après les programmes budgétaires présentés par les partis, une victoire des Libéraux pourrait entraîner des déficits plus importants au cours des prochaines années. Si les conservateurs déjouaient les attentes et l’emportaient, la politique budgétaire serait plus restrictive, mais cela suppose que certaines des hypothèses optimistes concernant la croissance économique se concrétisent.
En plus des résultats des élections, les bénéfices des sociétés occuperont le devant de la scène. Au cours des deux semaines allant du 21 avril au 2 mai, 60 % des sociétés du S&P 500 auront publié leurs résultats, dont six des sept magnifiques. La période de publication des résultats aux États-Unis a bien démarré : 75 % des sociétés ont annoncé des bénéfices supérieurs aux estimations, soit une bonne surprise de 10 % par rapport à la moyenne des dix dernières années de 7 %1. Pourtant, ces résultats ne reflètent pas les effets négatifs des droits de douane sur la croissance des ventes et à la rentabilité, raison pour laquelle l’accent est mis sur les prévisions.
Certaines entreprises en contact direct avec les consommateurs mettent en garde contre un ralentissement des dépenses de consommation dans un contexte d’incertitude macroéconomique et révisent à la baisse leurs prévisions pour l’année. Par conséquent, les estimations de croissance des bénéfices pour l’ensemble de l’année, tant pour le TSX que le S&P 500, sont passées d’environ 14 % en janvier à 9,5 % aujourd’hui1. Nous pensons qu’une croissance de plus ou moins 5 % est réalisable si le ralentissement de la croissance économique ne s’accentue pas. Une baisse de 10 % des valorisations cette année pourrait être partiellement compensée par une hausse des bénéfices des sociétés, ce qui serait un résultat acceptable, selon nous, compte tenu de l’incertitude commerciale et des rendements exceptionnels inscrits au cours des deux dernières années.
D’un point de vue sectoriel, nous entrevoyons des occasions dans les soins de santé aux États-Unis et dans les services financiers aux États-Unis et au Canada. Le secteur des soins de santé devrait tirer la croissance des bénéfices au premier trimestre aux États-Unis. Il présente des caractéristiques à la fois défensives et de croissance. Les services financiers sont moins exposés aux obstacles liés au commerce et peuvent également profiter du changement de cas de l’administration américaine vers des baisses d’impôt et une déréglementation au second semestre de l’année.
Angelo Kourkafas, CFA
Stratège en placement
Source : 1. Bloomberg.
Sommaire des données à la fin de la semaine au Canada
Indice | Clôture | Semaine | CUM |
---|---|---|---|
TSX | 24 711 | 2.14 % | -0.07 % |
S&P 500 | 5 525 | 4.59 % | -6.06 % |
MSCI EAEO | 2 452 | 2.57 % | 8.43 % |
Oblig. canadiennes de cat. investissement | -0.36 % | 0.43 % | |
Taux des oblig. du gouv. du Canada à 10 ans | 3.18 % | 0.04 % | -0.06 % |
Pétrole ($/baril) | 63.25 $ | -1.19 % | -11.81 % |
Taux de change $ CA/$ US | 0.72 $ | 0.09 % | 3.74 % |
Source : FactSet, au 25 avril 2025. Les obligations sont représentées par l’indice Bloomberg Canada Aggregate Bond. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. * Rendement sur quatre jours se terminant jeudi.
La semaine à venir
Les données économiques importantes publiées cette semaine comprennent le PIB de février au Canada et l’inflation selon l’IPC aux États-Unis.
Angelo Kourkafas
Angelo Kourkafas est responsable de l’analyse des conditions du marché, de l’évaluation des tendances économiques ainsi que de l’élaboration de stratégies de portefeuille et de recommandations qui aident les investisseurs à atteindre leurs objectifs financiers à long terme.
Il contribue aux rapports d’analyse sur l’actualité boursière d’Edward Jones et a été publié dans The Wall Street Journal, CNBC, le magazine FORTUNE, Marketwatch, U.S. News & World Report, The Observer et le Financial Post.
Il a obtenu un baccalauréat en administration des affaires (avec grande distinction) de l’Université d’économie et de commerce d’Athènes, en Grèce, et une maîtrise en administration des affaires avec spécialisation en finance et en investissement de l’Université d’État du Minnesota.
Renseignements importants
Sources : *FactSet et Edward Jones **Rapport national sur l’emploi d’ADP, en date du 30 août 2023